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Tag - stagnation séculaire

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jeudi 13 novembre 2014

Le ralentissement chronique de la croissance dans les pays avancés

GRAPHIQUE Taux de variation du PIB en rythme annuel (moyenne mobile sur dix ans, en %)

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source : The Economist (2014)

vendredi 18 avril 2014

Stagnation séculaire ou expansion séculaire ?

« L’idée selon laquelle certains pays avancés connaîtraient une période prolongée de faible croissance fait l’objet d’une attention croissante et elle a reçu le nom de “stagnation séculaire”. Cette idée est d’autant plus déprimante que l’on se demande si le potentiel de croissance des pays émergents ne se serait pas également affaibli. (…) L’une de ces idées (en l’occurrence celle de stagnation séculaire) amène à observer rétrospectivement la performance des économies avancées, tandis que l’autre (le pessimisme entourant à propos des pays en développement) demande une analyse prospective et spéculative de la capacité des pays en développement à faire aussi bien que par le passé.

Commençons avec un graphique simple qui résume la dynamique de la croissance annuelle dans le monde au cours des dernières décennies. Les données proviennent des bases de données des Perspectives de l’économie mondiale du FMI. (…) Deux observations : la croissance (par décennie) a été remarquablement stable dans le monde, puisqu’elle est restée comprise entre 3,2 et 3,6 %. Deuxième observation : au cours des 13 dernières années, la croissance est plus élevée par rapport aux deux précédentes décennies. Pas de stagnation séculaire, mais plutôt une accélération de la croissance.

GRAPHIQUE 1 Taux de croissance (en %)

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Mais si nous faisons la distinction entre les pays avancés et les pays en développement, nous faisons apparaître une dynamique très différente (…). Alors que les deux groups ont connu un rythme de croissance relativement similaire au cours des années quatre-vingt et dans une certaine mesure au cours des années quatre-vingt-dix, les taux de croissance annuels des pays en développement ont été trois fois plus élevé que ceux des pays avancées au cours des 13 dernières années. Donc parler de stagnation semble approprié pour une moitié du monde, mais l’autre moitié a connu une accélération de sa croissance économique.

GRAPHIQUE 2 Taux d’investissement (en % du PIB)

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Et si nous regardons les moteurs de la croissance, en particulier les taux d’investissement (en capital physique), nous constatons également une divergence dans les performances. Les taux d’investissement pour le monde ont été remarquablement stables au cours de toutes ces années et il se peut qu’il y ait eu une légère hausse au cours des 13 dernières années. Et cette hausse s’explique par une envolée des taux d’investissement dans les pays en développement (atteignant environ 50 %) à l’instant même où l’investissement chutait en-dessous de 20 % dans les économies avancées.

En regardant les graphiques ci-dessus, on se demande si la performance des économies avancées trouve une explication dans celle des pays en développement, ou inversement. Se pourrait-il que les opportunités d’investissement dans les pays en développement aient déplacé le capital hors des économies avancées ? Ce n’est pas évident car nous savons que l’explosion des taux d’investissement dans les pays en développement s’accompagna en général d’une hausse encore plus ample du taux d’épargne et que le capital (financier) est sorti de ces pays. En fait, les taux d’intérêt dans le monde connurent une tendance baissière durant cette période. Et ceci rend la performance des économies avancées encore plus surprenante : malgré un environnement favorable en termes de taux d’intérêt, l’investissement et la croissance ont décliné. »

Antonio Fatás, « Secular stagnation or secular boom? », in Antonio Fatás on the Global Economy (blog), 16 avril 2014. Traduit par Martin Anota



aller plus loin…

« Larry Summers et la stagnation séculaire »

« Pourquoi les taux d'intérêt réels sont-ils si faibles ? »

samedi 7 décembre 2013

Où l’excès mondial d’épargne est-il allé ?

« J’ai précédemment parlé de la pénurie d’investissement (investment dearth) qui est survenu dans les économies avancées à l’instant même où elles subissaient un excès mondial d’épargne (global saving glut), comme l’illustre le graphique ci-dessous. En particulier, l’expansion observée entre 2002 et 2007 a été caractérisée par des taux d’investissement plus faibles qu’au cours des deux précédentes expansions.

GRAPHIQUE 1 Investissement des pays avancés (en % du PIB)

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Si l’on réfléchit à cela (…) en utilisant les courbes d’épargne (offre) et d’investissement (demande), cela signifie que la courbe d’investissement pour ces pays s’est déplacée vers la gauche à l’instant même où les taux d’intérêt mondiaux baissaient. Mais qu’en est-il des pays émergents ? L’investissement des pays émergents n’a pas chuté au cours des 10 dernières années. Au contraire, il s’est accéléré très rapidement après 2000.

GRAPHIQUE 2 Investissement des pays émergents (en % du PIB)

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C’est plus que l’on ne pourrait s’y attendre en réaction à l’excès mondial d’épargne. L’épargne additionnelle doit aller quelque part (l’épargne doit être égale à l’investissement au niveau mondial). Comme les taux d’intérêt diminuent, les pays émergents entreprennent davantage d’investissements (on ne peut toutefois déterminer à partir d’une analyse aussi simple s’il s’agit simplement un déplacement le long de la courbe d’investissement ou d’un déplacement des opportunités d’investissement pour tout niveau donné des taux d’intérêt).

Nous pouvons aussi regarder en prenant le monde dans son ensemble.

GRAPHIQUE 3 Investissement mondial (en % du PIB)

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A partir de l’année 2000, nous pouvons voir une tendance vers un plus haut investissement tiré par les pays émergents. A l’équilibre, l’épargne et l’investissement se sont tous deux déplacés d’un même montant (au niveau mondial), donc comment pouvons-nous savoir s’il s’agit d’un excès d’épargne et non d’un accroissement des opportunités d’investissement ? Le fait que les taux d’intérêt déclinent au cours de ces années signifie que ces changements furent dominés par un déplacement de la courbe d’épargne vers la gauche (si cela avait été un déplacement de la courbe d’investissement, nous aurions vu les taux d’intérêt s’accroître). Les taux d’intérêt plus faibles qui en résultent menèrent à un investissement plus élevé dans les pays émergents, comme attendu, mais ils n’ont pas alimenté un quelconque investissement additionnel dans les pays avancés, ce qui signale un déclin des opportunités d’investissement dans ces pays. Que cela soit le signe d’une faiblesse structurelle qui empêche les pays avancés à continuer d’innover au même taux ou la conséquence de d’autres facteurs, notamment conjoncturels, reste une question ouverte. »

Antonio Fatás, « Where did the saving glut go? », 2 décembre 2013.


aller plus loin... lire « Larry Summers et la stagnation séculaire »

samedi 30 novembre 2013

Excès d’épargne ou pénurie d’investissement ?

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« Martin Wolf du Financial Times affirme que l'avenir de l'économie mondiale (et plus particulièrement l’avenir des économies avancées) est assombri en raison de la tendance baissière affichée par les taux d'investissement au cours des dernières années, avant même la crise financière n’éclate. J'ai fait des remarques similaires dans mon précédent billet. (…)

C’est un fait que depuis le milieu des années quatre-vingt-dix les taux d'intérêt mondiaux ont amorcé une tendance baissière. Ben Bernanke explique cette tendance dans son discours de mars 2005 : "Durant la dernière décennie, une combinaison de diverses forces a entraîné une augmentation significative de l'offre mondiale d’épargne, un excès mondial d’épargne (global saving glut), et celle-ci explique le niveau relativement faible des taux d'intérêt réels de long terme dans le monde d'aujourd'hui."

Cela peut être facilement représenté dans un graphique standard de demande et d'offre pour le marché mondial des fonds où l'excès d'épargne correspond tout simplement à un déplacement de la courbe d’épargne mondiale (l'offre) vers la droite.

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Ce qui est intéressant avec l'hypothèse d’excès d’épargne est que celle-ci permet non seulement d’expliquer la baisse des taux d'intérêt, mais elle permet également d’expliquer l’accumulation de déséquilibres mondiaux. Une façon simple de représenter cela consiste à séparer le monde en deux blocs : les pays dont l’épargne s’est accrue et le reste du monde. Nous pouvons utiliser à nouveau un simple graphique de demande et d'offre pour représenter ces deux groupes de pays : nous représentons à gauche les pays dont l’épargne a augmenté et le reste du monde à droite. Nous obtenons le graphique suivant :

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Cela montre que nous devons nous attendre, d’une part, à ce que les pays qui augmentent leur épargne affichent un excédent croissant du compte courant et, d’autre part, à ce que les pays où les deux courbes ne sont pas déplacées affichent un déficit croissant du compte courant. Ce cadre simple correspond bien aux données relatives à cette période. L'excédent du compte courant dans des pays comme l'Allemagne, le Japon, les pays producteurs de pétrole, la Chine et d'autres pays émergents d’Asie a augmenté alors que les déficits dans des pays comme les États-Unis, la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande ou le Royaume-Uni augmentait également. Voici les données (issues des Perspectives de l’économie mondiale du FMI) :

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Mais dans cette histoire, il y a certaines prédictions qui n'ont jamais été testées. En particulier, comme les taux d'intérêt ont baissé, l'investissement aurait dû augmenter au niveau mondial. Si vous regardez les courbes d'épargne et d’investissement ci-dessus, l'investissement aurait dû augmenter dans les pays où l'offre d'épargne se déplaçait ainsi que dans les autres pays. À moins que nous pensions que les taux d'investissement ne dépendent pas des taux d'intérêt nous aurions vu une généralisation accrue de l'investissement dans le monde entier. Avons-nous observé cela ? Non. En fait, dans les économies avancées (y compris aux États-Unis, comme je l'ai montré précédemment), nous avons observé le contraire. Voici un tableau que j'ai construit à partir des données du FMI (issues des Perspectives de l’économie mondiale). J'ai calculé le taux d'investissement global (en % du PIB) pour toutes les économies avancées en pondérant selon la part du PIB de chacun de ces pays (…).

GRAPHIQUE Investissement des pays avancés en % du PIB
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Il y a une claire tendance baissière dans les données. Même si nous ignorons les données d’après-2008, l'expansion dans les années deux mille a été plus faible que celle des années quatre-vingt ou quatre-vingt-dix. Et n'oubliez pas que nous nous attendions à l’exact contraire. La seule façon de faire de ce dernier graphique compatible avec l'histoire de l’excès d’épargne est de supposer qu’au même moment où la courbe de l'épargne se déplaçait vers la droite dans certains pays, la courbe d’investissement s’est également déplacée (cette fois vers l'intérieur) dans d'autres pays.

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Le déplacement de la courbe d'investissement aiderait également à expliquer le moindre taux d'intérêt observé au cours de la décennie. Mais, il pourrait également expliquer pourquoi les taux de croissance (et la performance du marché du travail) sont restées faibles durant l'expansion des années deux mille dans certaines économies avancées. Et étant donné ce que nous avons vu jusqu'à présent lors de l'expansion actuelle, il pourrait être une source supplémentaire de pessimisme pour les années à venir. »

Antonio Fatás, « Saving glut or investment dearth? », in Antonio Fatás on the Global Economy (blog), 22 novembre 2013. Traduit par M.A.

mardi 26 novembre 2013

Les bulles, le taux d'intérêt et le plein emploi

« Le discours prononcé par Larry Summers lors d'une récente conférence du FMI a (…) soulevé un débat sur la possibilité d’une stagnation séculaire (voir par exemple Paul Krugman). La stagnation séculaire se réfère au fait que certaines des pertes de production au cours de la crise sont devenues permanentes, l'économie ne reviendra jamais à la tendance précédente.

Mais il y avait quelque chose d'autre dont Larry Summers a parlé et que je trouve tout aussi intéressant : il a évoqué le fait que dans les précédentes expansions l'économie américaine a à peine réussi à atteindre le plein emploi, malgré l'existence de fortes bulles et d’excès. Cela conduit aussi à considérer avec pessimisme ces dernières années et ce pas tellement à cause de ce qui s'est passé après 2008, mais de ce qui s'est passé avant 2008.

(…) C’est un fait bien établi que les taux d'intérêt réels mondiaux que l’on a pu observer au cours de la dernière expansion (2001-2007) étaient très faibles au regard des normes historiques. Le principal candidat pour expliquer la faiblesse des taux d'intérêt réels est l'excès d'épargne (saving glut) dont Ben Bernanke a parlé dans son discours de 2005 pour décrire (…) l'épargne mondiale en provenance d'Asie, de l'Allemagne, du Japon et des pays producteurs de pétrole. Comme l’épargne s’accroissait, le taux d'intérêt mondial a chuté. Dans d'autres pays (comme les États-Unis et certains pays européens), cela a conduit à une augmentation des dépenses et des emprunts qui s’est traduite par l’accroissement des déséquilibres mondiaux.

Mais si ce que nous avons vu au cours de ces années fut un accroissement de l'épargne qui a entraîné une baisse des taux d'intérêt nous devrions observer une hausse de l’investissement (comme l’offre se déplace, nous nous déplaçons le long d'une courbe de demande décroissante pour trouver le nouveau prix d'équilibre). Et si l'investissement augmente, nous devrions observer une hausse du taux de croissance. Mais rien de tout cela n’est arrivé. En fait, non seulement l'investissement n'a pas augmenté, mais il est inférieur à ce qu'il était au cours des précédentes expansions, comme indiqué dans le graphique ci-dessous (les données portent sur l'économie américaine).

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Lorsque l'on compare les quatre dernières expansions de l'économie américaine, nous pouvons voir que, même si le taux d'intérêt réel a continué à diminuer (en particulier durant l'expansion de 2001 à 2007), les taux d'investissement sont restés stables ou ont même baissé. J'ai inclus l'expansion actuelle dans le tableau, bien qu’elle ne soit pas (…) encore finie.

Qu'est-il arrivé à l'investissement ? Pourquoi n’augmenterait-il pas alors même que les taux d'intérêt réels ont baissé et (…) l'épargne ait augmenté ? Je ne suis pas sûr que nous ayons une réponse à ces questions, mais ce que les données suggèrent, c'est que nous ne sommes pas seulement confrontés aux répercussions d'une profonde récession et que nous devrions également nous préoccuper de la robustesse de la reprise sur la base de la faiblesse de l'investissement au cours de la précédente expansion (une fois que nous prenons en compte le faible niveau des taux d'intérêt). »

Antonio Fatás, « Bubbles, interest rates and full employment », in Antonio Fatás on the Global Economy (blog), 19 novembre 2013.


aller plus loin… lire « La fin des déséquilibres globaux ? »

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